vendredi

Ne jamais dire la vérité.




Réflexe de survie, pour soi comme pour les autres. La vérité, plus précisément, c’est la réalité brute, fade, violente. Toutes ces petites choses qu’on croit belles et qui sont grouillantes, flippantes. Tiens, tu trouves ça cool, les tartines de Nutela avec tes potes? Pense au système digestif. La vérité, c’est ça : c’est expliquer à quelqu’un le trajet de son Nutela du jour.

On fait des tas de trucs, pour éviter la vérité. On écrit des chansons, des bouquins, on fait des films. On se plonge à corps perdu dans un aspect de la vie, pour oublier les autres : on travaille beaucoup trop, ou alors, on baise beaucoup trop. On fait tout pour oublier des morceaux de réel. Parce qu’il est trop abject, parce qu’il faut l’arranger un peu.

J’dis pas qu’il faut fumer et oublier le monde, non. J’dis pas qu’il faut se cacher. J’dis juste que toute oeuvre d’art, toute relation à l’autre, est un mensonge, et que sans ces mensonges personne n’aurait le coeur de respirer. Personne n’est capable d’être tout à fait franc, tout à fait honnête, parce que ça sert à rien de bêtement décrire ce qui nous entoure, sans chercher à y mettre au moins un grain de poésie. Ou si c’est pas de la poésie, un grain d’autre chose, de n’importe quoi.

Alors tant pis si on cache. Tant pis si on trompe, et tant pis si on transforme. On est absoluement incapable de regarder les choses en face : mieux vaut les regarder de côté plutôt que d’être aveugle.

dimanche

Irrenplaçables


Y’a quand même qu’un seul mec sur cette terre qui peut s’émerveiller de voir un écureuil, et me secouer l’épaule pour dire : “Regard, regarde !”, avec le même ton qu’il aurait dit : “Les ShakaPonk en maillots de bain ! Là, les Shaka en maillots !”. Y’a qu’un seul mec sur cette terre qui est capable de trouver ça kiffant d’être sur un ferry chilien avec un troupeau de vaches, une botte de poireaux et des lames de 14 mètres. Y’a qu’un seul mec sur cette terre pour avoir envie d’un kit pour faire des nounours en chocolats. Y’a qu’un seul mec pour avoir envie de moi quand je porte un pull immonde avec un chien jaune. Y’a qu’un seul mec pour avoir envie de supporter mes caprices et mes envies, mes colères immatures, mes maladies. Y’a qu’un seul mec pour vouloir apprendre mon arbre généalogique par coeur, et s’intéresser à tout ce que je dis. Y’a qu’un seul mec pour qui je peux me lever à 7h pour aller manger les premiers croissants du weekend. Y’a qu’un seul mec pour qui je pourrais monter sur des skis, plonger dans l’eau froide, mettre des chaussures de marche. Y’a qu’un seul mec avec qui j’aimerais acheter des meubles. y’a qu’un seul mec pour débarquer à l’improviste, la fleur à la main, et me mettre dans un avion pour le Québec. Y’a qu’un seul mec qui ait envie de m’épouser. Y’a qu’un seul mec.
A.



Y’a quand même qu’un seul mec sur cette terre qui peut faire une sieste de 3h tous les jours, et écouter de la dub pendant longtemps en hochant la tête. Y’a qu’un seul mec pour me poser des lapins et faire des blagues vaseuses quand je parle sérieusement. Y’a qu’un seul mec pour faire semblant de pas jalouser quand je lui raconte mes autres nuits. Y’a qu’un seul mec pour qui une bougie allumée c’est le comble du romantisme. Y’a qu’un seul mec pour se garer sur un parking désert en pleine nuit pour prendre des photos, et laisser refroidir les nems dans le coffre. Y’a qu’un seul mec pour me dire que je suis comme toutes les autres. Y’a qu’un seul mec qui peut m’ignorer pendant plus de 3 jours. Y’en a qu’un seul qui peut se rendre compte avec un mois de retard qu’on aurait pu faire vachement mieux encore. Y’a qu’un seul mec qui peut m’énerver et m’attirer autant à la fois.
K.



Y’a quand même des nanas qui font chier sur cette terre. Qui savent jamais ce qu’elles veulent, et qui se balancent comme des grosses lionnes capricieuses et indolentes, qui se grillent au soleil en plissant les yeux. Qui se croient tout permis, qui hésitent et qui changent d’avis. Qui aiment trop.
M.