lundi

La braise entre les dents


" Après tout peu importe
Où j'allume ma clope
Si ce n'est pas l'amour
Ce sont les alentours
"

_ c'est criminel de ne pas mordre une lèvre tendue, une lèvre tordue. Le baiser est partout, sous un pan de chemise, dans un recoin de foulard, il n'y a pas besoin de le chercher : il surgira, fait lui confiance. N'attends surtout pas le bon moment, n'attends surtout pas d'être prêt, d'avoir le temps, n'attends même pas d'avoir envie. Faut que ça te prenne comme un courant d'air. Surprends moi, pour une fois.

Moi ça fait trop longtemps que j'ai l'habitude, que je te devine à vingt mètres. Et que je fais des constellations de braises : cendres qui tombent sans faire exprès, bout de clope écrasée, j'ai trop usé du même cendrier. Je me retrouve à la porte, alors après tout peu importe où j'allume ma clope : si c'est pas au creux d'un amour, ce s'ra bien dans les alentours...

Ne prends pas les marchandes de braises pour des allumeuses : elles gonflent les joues, vides. Je te promets ta braise, faut juste attendre un peu. Peut-être parce qu'il y a le boulot. Peut-être parce qu'il y a quelqu'un d'autre. Peut-être parce que tu es la dernière de la file, et qu'une braise, ça prend du temps. Viens pas te plaindre si ça te troue un fringue. Après tout, peu importe où on allume nos clopes  : si c'est pas de l'amour, s'en sera un alentour.

Pose pas de questions et attends ton tour.

( L'amour c'est bien trop lent et trop fragile à allumer : qui a le temps pour ça? Autant s'offrir un détour. Dans un coin qui y ressemble, à s'y méprendre, mais dont on part plus vite, et avec moins de coups de soleil. Ou alors, tu payes l'essence, et la Biaffine. )

mardi

Comets and apples.

Les mecs, les comètes.

Y'a toujours un pépin d'homme, surtout quand ils sont mignons : pas encore bien mûrs, ou pourris jusqu'au trognon. Ne pensent qu'à leurs queues (fragiles), qu'à se fendre la poire, qu'à choisir les plus tartes à enfourner. Moi, j'ai beau savoir que leur jus est trop sucré, que leur chair est trop tendre, que ça gâte les dents et que ça fait engrosser, je les cueille. Les recueille à la tombée de l'arbre, pour effleurer les plus timides, croquer les plus sauvages. Et s'assoupir repue à l'ombre du feuillage.