dimanche

Arnaque du réveil n°3 : la fille parfaite


On connaît tous les mauvaises surprises au réveil. Du type : prénom inconnu, âge douteux, genre douteux, hygiène douteuse, membre manquant, arme blanche, animal de compagnie exotique. Mais il y en a une autre, parmi les pires, mais dont on parle très peu. Presque un tabou. Eh bien, je l'ai expérimentée pour vous.

C'était un soir tranquille, que je ne vous décrirais pas (c'est bien dommage pour vous, d'ailleurs) et j'avais ramené chez moi une charmante personne : traditionnelle petite robe noire sans prétention, veste cintrée, écharpe fantaisie. Mais au lendemain, catastrophe. Il m'a fallu un seul coup d'oeil pour comprendre. Pas de grumeaux de mascara aux coins des yeux, pas de boutons démasqués, cheveux impeccablement lisses, pas même de petit frisottis suant sur le front.

Vous l'aurez compris : j'étais tombée sur une beauté.

Les beauté, y'a rien de pire. Si vous ne vous êtes pas réveillée en premier, vous serez frappé par une évidence violente : un baiser frais et sec vous réveillera. Car la beauté a toujours une haleine parfaite, même après des pintes de bières, même après 20 clopes, même après la pelle roulé au trentenaire douteux. Ensuite, les cheveux de la beauté sont toujours naturellement coiffés. On est bien d'accord que toi, quand tu te réveilles... tu crois que tu as un effet coiffé-décoiffé, mais en fait, tu fais juste peur. Ta frange s'est divisé en immondes petits épis ridicules, des mèches frissouillent, le tout étant plus ou moins gras ou pelliculeux.

Même si t'as de beaux yeux, au lendemain de soirée, t'as toujours la paupière un peu gonflée, ou alors une vieille cerne violette, et des crottes disgracieuses. En plus, t'as la gueule de bois, alors ton visage est marqué d'une disgrâce naturelle. Et elle, la fourbe, l'infâme, elle rayonne de beauté dès le premier étirement douloureux du lendemain de cuite. C'est terrible. C'est injuste. C'est cruel.

Malheureusement, ces femmes-là s'en prennent toujours aux proies faciles, aux filles comme vous et moi, ou aux hommes comme vous et, euh ... enfin, ceux qui se sont mis bien pour la soirée, et dont la nature réelle (donc plutôt banale, donc plutôt pas terrible) resurgit le matin. Mais pour ces créatures-là, il n'y a jamais de matin. Sans maquillage, sans crème de jour, sans peigne, sans rien, juste avec un vieux t-shirt (qui ne sens même pas la transpiration!), elle scintille de milles feux culpabilisants.

Moi, quand j'ai la gueule de bois, je râle sans arrêt, j'ai mal à la tête et je traîne au lit toute la journée. Elle, elle est toute fraîche, elle prend une douche froide et fait un petit jogging "pour se réveiller comme il faut". Elle renfile sa petite robe noire sans prétention et sans auréoles, sa veste cintrée sans tâche de bière, son écharpe fantaisie qui sent toujours aussi bon. Elle attrape son sac (bonne marque), le tout dans un vas et vient de cheveux si parfaits que t'as envie de les bouffer. En soupe. En infusion. En rail avec une paille. Elle t'écris son téléphone sur un papier, et elle part bosser avec un clin d'oeil malicieux et un signe gracieux de la main. Dans la rue, on pourrait jamais deviné tout ce qu'elle a bu la veille ni tout ce qu'elle a prit après, vu comment elle marche droit dans ses bottines, clic-clac.

Moi, je suis restée à transpirer dans mon pijama batman, avec le ventre en vrac, la bouche moisie, le front gras et mes lunettes de hibou sur mon nez. Sans doute pas net, le nez. C'est terrible. C'est injuste. C'est cruel.

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