jeudi

Doors wide shut (cheaters only)


Y'a deux catégories de personnes.
... hahaha !
Non, sérieusement. Ceux qui ferment les portes, ceux qui ouvrent les portes.


Je veux bien croire qu'il faut "de la mesure en toute chose" mais parfois, le manichéisme nous rattrape, on y peut rien. Vous n'avez qu'à mieux regarder la vie, au lieu de faire des réflexions ridicules. Je vous parle des petites portes qui se trouvent entre les zones du cerveau, et un peu partout dans le corps, et qu'on fait grincer pour mieux se concentrer, pour avoir moins peur ou pour oublier.



Fermer la porte, tourner la page, mettre de côté ou mettre dans une case, milles et unes expressions pour exprimer tout ce qu'on avorte, tout ce qu'on planque et qui continue de grandir à l'intérieur. On est de drôles d'animaux, à ne rien vouloir laisser sortir, à vouloir tout garder en soi dans une pudeur ridicule et maladive. Ne pas dire qu'on a peur, ne pas dire qu'on a mal, et ne pas dire qu'on aime, surtout.


Des petites portes, donc. Bien utile, tu le sais, tu t'en sers souvent, et moi aussi, alors je ne vais pas le nier. Comme souvent, la première personne qui m'a parlé des petites portes, c'est ma Maman. Pour m'expliquer que parfois, on pense que les gens sont de notre côté, mais qu'ils sont malfaisants, et qu'il faut s'empêcher de se faire du mal. Alors on les mets dehors, et on pousse le loquet. On est en sécurité. Et ma Maman, elle est très finaude, elle avait bien compris qu'avec mon coeur d’artichaut et mes poings en mousse, j'allais avoir besoin de huiler les gonds de toutes les vannes en fonction dans ma tête de piaf.


Voilà, comme ça.

A nos âges ... oui, quand je dis "à nos âges", je parle des 20-25 à peu près. Donc, à nos âges, quand on a fini de faire nos adolescents et qu'on se calme un peu, on a deux sortes de personnes : les gens qui ferment, et les gens qui ne savent pas fermer. Les gens qui ferment sont souvent super zen, avec beaucoup d'aplomb, très catégorique : si un truc ne va pas, zou, direct à la benne à ordure. Un pote fait un coup de pute? Slam the door. Une nana qui se casse? Slam the door. Le père qui pète un boulon? Slam the door. Sur les déceptions, sur les souffrances, sur les morts, aussi. Sur les morts, surtout. Parce qu'après tout, il faut avancer, et on peut pas rester là à chialer. Parce que c'est plus facile avec les vannes fermées.

Puis t'as les autres. Peut-être qu'ils font semblant, ou peut-être qu'ils essayent vraiment, mais y'a comme un problème. Peut-être une courroie mal fixée, j'en sais rien, mais impossible de refermer. Tout s'engouffre, c'est l'invasion. C'est toujours difficile pour eux de dire "adieu", et même "au revoir" c'est pas facile; ils essayent toujours de réparer, d'arranger, de reprendre contact ou d'être en paix avec ce qui se passe à l'intérieur, vu que rien ne peut sortir. Pas faute d'essayer. Aucune protection, ou alors parfois, comme un sursaut, une sorte d'instinct qui les conserve et les maintient quand même en vie.


Vu qu'on est sur mon blog, comme d'habitude, c'est de moi que je vous parle. Un peu, au moins. Moi, donc, et mon incapacité à fermer les portes. Je voudrais bien dire que c'est un choix, de garder ma maison ouverte, d'y inviter tout le voisinage, de faire à bouffer pour 500 et tout nettoyer derrière. Quand y'a plus de place, il faut construire un nouvel étage, un garage, creuser un souterrain, déplorer des trésors d'inventivités pour agrandir l'espace.

Le point commun entre moi, qui ouvre, et toi, qui ferme, c'est qu'on est fatigués.
Maintenir tous les verrous en place, c'est aussi crevant que de devoir rajouter un étage. Quand on a tout refermé sur soi, plus personne ne rentre, mais c'est pas forcément une bonne chose : parfois, les gens ont envie de venir faire un tour. Même si c'est pas longtemps, juste se sentir plus proche de toi, un peu moins loin. Et moi, parfois, j'aimerais bien être toute seule, dans un coin de vide, sans un million de bibelots bariolés et bruyants.

Encore une fois, y'a pas de bonne manière de faire. 

J'ai bien essayé de me dire que c'était un choix, donc. Mais j'ai finalement du me rendre à l'évidence : il y a des aspects de soi qu'on ne choisi pas. Quand au bout de plusieurs intrusions indésirables, je suis allée jeter un oeil aux battants de portes, j'ai bien vu que c'était fichu. L'avantage, quand on laisse tout ouvert, c'est que plein de gens très sympas vous donnent un coup de main. Plein de gens adorables, pleins de bonnes intentions, qui ont voulu m'aider à passer le trop plein par les fenêtres, à chacun sa technique : un peu de méditation, un peu de sport, lit donc ce livre, parle-moi, pense à autre chose, concentre-toi sur le travail, essaye de l'écrire, boit donc un coup. Pendant que je me repose, ils prennent des pelles, et foutent le bordel dans le champ du voisin.

Mais ça marche pas. Si vous lisez ce blog, il vous suffit de quelques articles, vous savez que ça ne marche pas. Et le pire, c'est que, j'ai dis "intrusions indésirables", mais la plupart du temps, vous avez invité les emmerdes chez vous. En leur disant de ne pas oublier le pack de 6.

C'est pour ça que j'admire ces gens qui arrivent à s'enfermer à double tour ! 
Très sérieusement, je les admire.

Mais en même temps ... bah, comme je l'ai dis : on ne décide pas toujours de soi. Alors il faut bien apprendre à s'aimer un peu. Moi, pour m'aimer, ce que je me dis, c'est qu'au final, à force de fermer toutes les portes, on se refuse des aventures.

Des tas de choses géniales arrivent quand on finit par s'ouvrir un peu. Quand on se force à sortir, quand on se force à filer un coup de main, ou à essayer de comprendre. Et ça peut être trois fois rien, ça peut aller d'un film qu'on vous conseille à un pote qui vous demande du fric, j'en sais rien. Parfois, vous soupirez, vous dîtes oui, vous ouvrez grand les portes. Et il se passe des choses magnifiques.

Déjà, y'a des moments géniaux. Camper au bord d'une route. Finir la soirée avec des gens qu'on a redécouvert. Hurler de rire. Puis, y'a des choses plus fortes : mieux se connaître, ou mieux connaître un bout de soi. Apprécier quelqu'un de nouveau. Pardonner. S'excuser, aussi. Se faire un ami, un vrai. Apprendre quelque chose de captivant et de déterminant. Prendre une décision importante. Aider. Et puis, aimer, aussi, forcément.

Moi, j'ai souvent peur. Peur d'aimer, surtout, on sait où ça mène toutes ces conneries. Mais si vraiment je me braquais, je serais une trouillarde finit. Je ne serais pas une aventurière. Et -oh putain- être une aventurière, c'est tellement excitant. 

Donc, pour faire la paix avec ce qui se passe dans mon crâne, et pour me donner la sensation que c'est moi qui ai fait mon choix, je regarde ceux qui ferment, et je leur demande :

" Elle ressemble à quoi, la vie à double tour? C'est quand, la dernière fois que vous avez pris un risque? "

Prendre des risques...
Si c'était à ma porte que Gandalf avait frappé, en me disant : " Eh, Anouck, ça te dit de prendre le risque de te faire éviscérer et / ou carboniser par un putain de dragon géant ? " je pense que j'aurais dit oui. Alors, une histoire d'amour, à côté de ça, est-ce que c'est si effrayant?

Et à chaque fois que je me balade au milieu des courants d'air, je pense à tous les risques que j'ai pris en laissant entrer chez moi des gens et des choses improbables. Aussi improbables et inattendus que tous les héros de tous les films, de tous les romans que j'adore. Au final, tant pis s'il faut douiller pendant deux ou trois chapitres. Y'aura forcément des morts, des blessés, des drames, des choses monstrueuses et absolument dramatiques : des trahisons, des disputes, des éloignements, des incompréhensions, des injustices... tout ce qui fait les bons films, tout ce qui fait les bons romans.


Les choses inattendues et les choses improbables sont remplies d'une énergie presque mystique, incroyablement forte : ça peut vous exploser à la tronche, ça peut vous rendre heureux. Ce sera peut-être juste une égratignure, et ce sera peut-être juste 5 minutes, 10 minutes de bonheur.

Laisser les portes ouvertes, c'est tout prendre.
Au sens que tu veux.

Tout. Prendre.


... même un peu de lait qui danse.

http://www.youtube.com/watch?v=oyVJsg0XIIk


1 commentaire:

  1. Il existe effectivement des gens fermes les portes de leurs apppart, et d'autres qui ne les ferment pas, mais il existe aussi des gens qui ferment la porte du petit placard à balai de l'appart, en étant dans le petit placard a balai.
    Et ces gens qui enfermé dans le petit placard a balai laisse toute les autres portes de l'appart ouvertes et ne peuvent plus les fermés.
    Et pour ré-ouvrir cette petite porte de placard à balai, qui a été fermée avec tant de véhémence que les gonds s'en sont brisés, il faut parfois qu'une personne de l'autre coté du placard, rentrée sans contrainte aide à ouvrir la petite porte du placard a balai.
    Sinon la petite porte du placard a balai restera toujours fermée, et toutes les autres portes, ouvertes sur l'aventure, ne seront alors que des arches sur un chemin passant devant un petit placard a balai que personne ne regarde

    RépondreSupprimer