samedi

Le laïus de la célibataire


S'il y a une chose que je ne supporte vraiment pas chez moi, c'est ma capacité à l'auto-caricature. Ma maman me le dit souvent : "Ne deviens pas une caricature de toi-même!". Ami lecteur, tu dois savoir que ma maman a presque toujours raison, et qu'elle dit des trucs vachement bien (contrairement à la tienne, qui suce des pégases).

Mais il y a quelque chose que ma maman oublie, c'est le potentiel créatif de la caricature. Et que quand on écrit vite fait, il nous en faut une bonne dose pour démarrer (on peut en discuter, si vous voulez). Je pars du principe que rien ne se fait sans caricature. Ok, ok, il faut couper les grosses ficelles et détruire les bases pour s'émanciper du carcan des etc, etc, etc. Alors je suis peut-être pas une pointure en matière d'écriture, mais les grosses ficelles, ça marche.

Et je refuse d'écrire des trucs qui ressemblent à ça : http://ruthgarbage.canalblog.com/   sous prétexte d'être une originale. Oh non, c'est trop bon, je vous donne un extrait, je ne résiste pas, préparez vos sceaux à vomi :

La course à la recherche de la cible noire emmène le cerveau vers le silence infini. Peut-on pourtant désigner l'ascension du corps de brume, comme une montée sinusoïdale vers un objectif utile ? Chacun est libre de définir la réponse à cette question dans la lecture des cavités du visage. La pluie n'est qu'un immondice destructeur de la parole du veilleur, c'est pourquoi le coureur cherchera à en faire abstraction. Le sport est-il cependant un suicide intellectuel ?"

Voilà, si c'est votre kiff, pourquoi pas, hein ...

Donc, aujourd'hui, je fais un laïus très, très mainstream. Eh oui, je fais partie des gens qui disent "mainstream", même si ça fait hipster au possible. Décidément, toutes ces digressions nous emmène loin du sujet : le laïus de la célibataire !

" Ah, qu'il est bon d'être seule et libre ! " clament-elles. Enfin, clamons-nous, puisque comme vous lisez la gazette locale, vous savez que je suis livrée à moi même pour la première fois depuis bien, bien, bien longtemps. Mon dernier célibat total (j'entends : pas le moindre morceau de mouche ou de vermisseau, pas d'amourette en vue, rien de rien, walou) remonte à des temps immémoriaux. Non pas que je cherche à me la péter, hein ! It's just a fact.

Comme je ne sais parler que de moi, je vais d'abord vous dire ce qu'il y a de VRAI dans ce laïus, en vous racontant un peu mes tribulations. Après, on passera à ce qui est FAUX dans cette caricature de merde.

Je me suis fais cette réflexion alors que j'étais assise sur le rebord d'un cliché. Enfin, le rebord de ma fenêtre, les pieds nus chauffés par le soleil pendant dans le vide, feuilletant un magazine... savourant un jour d'été dans une pose très teenage, yeux mi-clos, cigarette en main. Oui, je ne fume qu'en cas de cliché. Et il s'est passé un truc étrange, un peu comme quand vous ... bref, y'a des instants qui deviennent savoureux d'un coup. Vous avez vu milles rebords de fenêtre et milles magazines, fumé milles clopes sous milles soleil, mais ce rayon-là à cet instant-là, il est parfait. Tout est parfait.

Eh bah depuis que je suis on my own, je retrouve des tonnes de petits plaisirs. Non pas que mon ex était un terroriste, hein, non, mais disons que je passais à côté de ces moments là quand il n'était pas dans les parages. Je ne faisais plus vraiment attention. La clope à la fenêtre n'est qu'un exemple, une image pour dire : quand vous êtes seule, vous devenez très vite "enfin" seule. Il n'y a que vous. Vos ongles de pieds, votre culotte, vos racines de cheveux, vos crottes de nez.

Et soudain, vous n'avez plus envie de faire d'efforts. La tenue, déjà. Ensuite, la parole. Il n'aimait pas un mot, une expression, un sujet de discussion? Vous portiez peut-être du jaune pour lui faire plaisir, j'en sais rien. En fait, vous n'avez jamais aimé le jaune. Oh, oui, avant, vous aimiez bien, mais maintenant, vous avez revu votre copie sur le jaune, sur le parti socialiste, sur les bienfaits des épinards, sur le base jump, que sais-je. Non, vous n'étiez pas sous contrôle, bien sûr : simplement, vous avez avancé avec quelqu'un. Et quand on marche avec quelqu'un, on l'apprivoise. On s'adapte. On découvre de nouvelles choses et on se complète grâce aux différences !

C'est ce qui est merveilleux dans un couple. Et c'est ce qui rend le célibat savoureux : personne ne vous complète. Vous pouvez vous complaire dans tout votre égoïsme, dans toute votre immaturité, votre irresponsabilité ! Vous redevenez une ado. Demandez à ma mère, en ce moment, elle a du mal.

Attendez, y'a plein d'autres trucs, encore ! Si vous êtes aventureuse, c'est juste le début de l'orgie. J'exagère, hein, mais vous saisissez l'idée. Je rappelle au passage que ceci est un blog, ce n'est pas la vraie vie, alors ne soyez pas jaloux, les amis : entrer dans un bar en sachant que la nuit vous appartient, c'est délicieux. Déjà, vous rencontrez du monde. Mais surtout, ça vous rend plus ouvert ! Je ne parle plus de vos cuisses, les amies : vous allez reprendre l'habitude de vous intéresser à une nouvelle personne. Une ? Des. Des tas de nouvelles personnes.

C'est grâce aux gens qu'on apprend qui on est. En tout cas, moi j'y crois : c'est par autrui qu'on se construit. Et en tant que célibataire, on rencontre beaucoup plus de monde. Cette fille a une copine? Pas grave, elle vous parle du traitement de la violence chez Tarantino, c'est kiffant. Ce mec est gay? Tant pis, il vous invite à l'expo de son frère qui est sculpteur, ça peut pas être pire que Ruth Garbage (voir plus haut, bande de cons).

Et on ne le dis pas assez, mais le sexe, c'est quand même cool.

Maintenant on passe au dark-side du célibat.
Ah, qu'il est bon d'être seule et libre ! " clament-elles. Mais deux jours plus tard, on en est à " Ah, que je me sens seule et incomprise ! ". Si être seule attire du monde, ça n'attire pas forcément du beau monde. On se tape un ramassis de débiles qui deviennent vite lourd. Eh oui, personne ne vous comprend. Mais surtout, quand vous rentez chez vous à quatre pattes, et que vous vous endormez sur le siège des toilettes, personne ne viendra vous aider. Quand vous perdez votre disque dur, même combat : vous êtes seule dans votre caca. Eh ouais.

Et pour ce qui est de la drague, alors là ... bonjour les embrouilles. Une fois que le coeur s'est bien reposé, il a envie de jeter son dévolu sur n'importe quoi : un peu comme avec un gamin qui se réveillerait dans un corps de trentenaire. Faut tout réapprendre. Ne pas s'emballer pour - eh ! Eh, stop ! Arrête, ducon, revient, c'est ton prof de maths, putain ! Vous voyez l'idée. Du coup ça devient un peu difficile de - eh ! Non, pas encore ! Reste ici, j'te dis ! 

Mais ça dépend des personnalités. La constante reste la suivante : au bout d'un moment, on a trop d'amour en nous, il faut bien que quelqu'un en prenne un bout. Mais on continue de dire " Ah, qu'il est bon " et d'entretenir le stéréotype de la jeune femme célibataire heureuse de vivre. Il y a toujours anguille sous roche. Attention, attention : à nos âges ! Bien sûr, que des gens restent célibataires et sont heureux, le couple n'est pas le seul et unique moyen pour atteindre du bonheur ! Je suis pas conne.

Ce qui est problématique, c'est quand on a envie de profiter de son célibat pour s'amuser un peu. Alors là, c'est la foire aux emmerdes : libertine, salope, catin, etc. En gros, vous acceptez de coucher avec n'importe qui. Si c'est ce qui se dit de vous, changez d'amis, il n'y a rien d'immoral à refuser de coucher avec la même personne pendant plus de deux mois, ou de refuser d'appelle ça "une relation de couple". Ce qui arrive à vos petites fesses toutes douces ne regarde que vous, après tout. Attention à ceux qui flairent votre sympathique ouverture, et qui pensent que les badge VIP sont gratuits. Donc, des déceptions, des jalousies, des faux-semblants ... et de l'autre côté, on peut gaffer aussi, et devoir dire des choses pas très amusantes pour se faire lâcher la grappe.

Globalement, ce qui m'agace dans les laïus de célibataires, c'est cette espèce de fierté arrogante à être seule, comme si c'était un choix. Comme si la réalisation de soi en tant qu'être humain, en tant que femme, résidait dans le fait de vivre sans personne à côté de soi. C'est ridicule. L'amour est partout, pas besoin d'un couple pour s'en rendre compte : l'amour, c'est votre frangin qui vous prête un DVD et qui dit rien quand vous lui dîtes que vous l'avez perdu. L'amour, c'est votre coloc qui vous tient les cheveux quand vous vomissez et qui vous borde en faisant des blagues douteuses, alors qu'il est super inquiet. L'amour, c'est quand on vous ta-pote l'épaule, pour vous dire que ça va aller, que ça va passer, que le reste est plus important.

Les célibataires imbuvables sont ceux qui n'ont pas compris ça, et qui pensent que " L'amour, c'est de la merde ". Les célibataires imbuvables sont celles qui pensent qu'être féministe, qu'être indépendante et forte, c'est refuser de sortir avec un homme : et donc, c'est encore se définir en fonction d'eux (échec total). C'est surtout croire que le célibat, comme le couple, est un choix de vie.

Ok, ok, ça va paraître extrême, mais est-ce qu'on a vraiment le choix? Je veux dire ... j'ai beau dire que j'ai "choisi " d'être seule, c'est pas tout à fait vrai. Ok, j'ai participé à la rupture d'origine, et je ne cherche pas à me remettre avec quiconque. Mais si un jour, devant ma porte, y'a une jolie petite rousse ou un grand brun qui me retourne l'estomac, est-ce que j'ai vraiment le choix? 

Maintenant que vous connaissez mon style de proie, veuillez m'envoyer toutes les petites rousses et tous les grands bruns que vous connaissez, merci bien.

Si vous voulez réagir à mes horreurs, je vous en prie ! Je trouve que ça manque cruellement de débats, ici. Alors pitié, pitié, dîtes moi que j'ai tort. 


Prenez soin de vos narines !




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